« Entrances » en apéritif pour ce concert final du festival Musica.Prologue sonore électroacoustique dans le hall de l’auditorium de la Cité de la Musique de Strasbourg, par les étudiants de la HEAR: sérieux, concentrés dans ce contexte difficile où l’auditoire papote, devise à l’envi de ses aventures « Musica »; ils ne se laissent pas démonter, sous l’oeil bienveillant du professeur, tuteur, Pigmalion de leurs talents, Tom Mays!
Puis place aux Percussions de Strasbourg et eRikm pour « Drum-Machines » de 2015/ 2016 en création mondiale, s’il vous plait.
Rencontre entre le fameux ensemble des Percussions de Strasbourg, tout neuf, et le trublion eRikm… Ca va le faire!Scène encombrée de multiples objets et instruments de percussions pour le « décor » scénographique et tout démarre avec un solo discret de plumeau, pinceau effleurant les objets, chasse-mouche désopilant, évoquant la douce et tendre Dame Nature.Paysages de montage avec cloches de vaches, éclairs et tonnerre qui se rapprochent, le visuel est fort et les images visionnaires se dessinent à l’horizon musical.Tandis que eRikm visse et dévisse le son sur sa table de mixage, les cinq musiciens des Percussions s’agitent, s’animent d’un instrument à l’autre générant peu à peu une ambiance singulière: rituel d’un grand bivouac au sein d’une oasis de perles de pluie, campement éphémère d’où, assis en tailleur, les musiciens émettent jusqu’à leur perte, des martèlement de baguettes, amplifiés jusqu’à leur paroxysme.Tout se déchaîne, s’accélère, euphorisant, magnétique, hypnotique.Des images sont projetées simultanément, captées en direct: elles signalent en gros plans, la source des sons, délivrent les secrets de fabrication de bruits singuliers, venus d’une vielle triturée ou d’une surface de tambour ou grosse caisse. Saisissants vermisseaux qui sautillent , en chenilles, en vermicelles sur la peau de la grosse caisse, transformée en gazomètre ou forge incandescente.Plaque métallique en folie, scie musicale étrange, c’est une usine emballée par les sons qui délivre son brouhaha, tohu-bohu de figures rythmiques de percussions: un univers de labeur torride à la Fernand Léger, une broyeuse destructrice, emballée, un enfer métallurgique que ce « Drum-machines » tonitruant, tectonique.Les Temps Modernes en référence, le corps de Charlot dans les engrenages, fatalisme du conditionnement de l’être humain par la machine
Un bout de bras tournoie sur la peau du monde d’une caisse de résonance: image filmée, projetée pour mettre dans l’ambiance de la déshumanisation du monde industriel, du corps en morceaux, désagrégé, débité, découpé/ L’enfer? Compulsif, plein de circonvolutions sonores, de chaos, de bouleversements, de tsunami sonore, tempétueux, ravageur, ébouriffant!
Des pots de fleurs, à fleur de peau, effleurés pour attendrir l’atmosphère hystérique du spectacle déchirant de fureur, de bruits de cataclysme annoncé
Spectacle tendu, volcan plein de scories d’un cratère éruptif incessant, crachant sons et frissons: la géologie est aussi électroacoustique et eRikm de démontrer en compagnie de Stéphane Cousot pour le dispositif vidéo, Olivier Pfeiffer pour le son que la création est vivante, bouleversante et jaillissante
En conclusion « afters sonores3 avec les étudiants de Tom Mays et d’Emmanuel Séjourné de l’Académie supérieure de musique de Strasbourg/ HEAR: interventions dansées, percutées parmi le public, tout excité par le précédent concert.Du bel ouvrage, sur le fil, au gré des interstices spatiaux, des circulations ambulatoires du public, des intentions des interprètes, tranchant la foule, captivant l’intérêt de cette dernière soirée « Musica »: on se quitte sur l’aléatoire, le hasard, l’électroacoustique, la musique en temps réel, incarnée, jouée par les générations montantes, émergentes: une bonne étoile pour la Musique, star céleste du firmament sonore.