Workshop
« Geste instrumental et musique électronique : étude de cas »
Workshop proposé par Baptiste Bacot, doctorant à L’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et à l’IRCAM, le mardi 30 mai de 14 à 16 heures, en salle 156, au Conservatoire.
Organisé par le GREAM, ouvert aux étudiants de création électroacoustique.
Au-delà des genres eux-mêmes, les pratiques de la musique électronique mobilisent une communauté de moyens technologiques qui les relient les unes aux autres. Les antagonismes esthétiques, riches de sens, ainsi que le partage des procédés de génération et de traitement du son permettent de déployer une analyse comparative des moyens utilisés, des stratégies d’appropriation instrumentales et logicielles et des processus de création musicale. Je commenterai la pratique de Robert Henke, Brain Damage, Pierre Jodlowski et Jesper Nordin. Leurs pratiques couvrent respectivement les méta-genres de la performance audiovisuelle, de la musique populaire de danse et de la musique savante avec électronique pour les deux derniers.
Le mapping – l’association d’un geste au contrôle de paramètres sonores – est un élément central des interactions technologiques : il conditionne non seulement les possibilités du jeu musical mais aussi la représentation des corps musiciens sur scène. Questionner ces deux aspects des pratiques de la musique électronique ouvre de nouvelles perspectives quant aux méthodes d’analyses du geste musical dans de tels contextes.
Baptiste Bacot est doctorant contractuel (2013-2016) à l’EHESS (CAMS) et détaché dans l’équipe APM (IRCAM). Il travaille sur la musique électronique selon une approche ethnographique visant à circonscrire les rapports entre les corps musiciens, les instruments électroniques et l’impact de la technologie sur les manières de produire, de concevoir et d’exécuter la musique. L’analyse située du processus de création musicale dans des esthétiques variées (musique populaire de danse, musique électroacoustique, performance audiovisuelle), reliées entre elles par le partage des mêmes outils technologiques, permet de poser les fondations d’une organologie gestuelle des instruments électroniques. Le titre provisoire de sa thèse est « Une organologie des pratiques de la musique électronique. Instrumentalité, création et représentation. »
Après le workshop, il y aura une conférence ouverte à tous :
« Corps, instrumentalité et musique électronique »
proposée par Baptiste Bacot le 30 mai, de 17h30 à 19 heures, en salle 18 au Portique.
L’instrument de musique est un paramètre déterminant des pratiques musicales. Son élargissement notable, du fait de l’intégration progressive de la technologie a contribué à l’émergence de nouveaux genres musicaux à partir de la fin des années 1960, tout en rendant floue la notion même d’instrumentalité. L’automation perturbe en effet la compréhension du rapport traditionnel entre le geste d’excitation et la production des sons. Cette reconfiguration de la chaîne causale de la production des sons amène légitimement à se demander en quoi consiste concrètement le travail des musiciens ayant recours aux technologies musicales.
Aborder l’organologie élargie de la musique électronique par la notion de geste et la nature technologique des configurations instrumentales permet de dépasser les positions théoriques qui restreignent l’instrumentalité aux pratiques acoustiques. Cette démarche, fondée sur une ethnographie de la musique électronique autorise également une réévaluation contextuelle des machines et logiciels employés par les musiciens, et donne lieu à un questionnement portant tout à la fois sur la création musicale en contexte technologique, sur les stratégies de création et d’appropriation instrumentales et enfin, sur la représentation des corps musiciens en situation de concert.