John Cage, inventeur d’une musique inouïe (1912-1992)
Touche à tout, curieux de toutes les nouvelles technologies, expérimentateur et inventeur : John Cage a cherché à composer par tous les moyens une musique généreuse, au sein de laquelle tous les sons seraient accueillis.
Par Perrine Kervran. Réalisation : Anne Perez-Franchini. Attachée de production : Claire Poinsignon.
John Cage est né en 1912, à Los Angeles. Ii a hésité entre devenir pasteur, architecte, écrivain, peintre ou musicien avant de s’abandonner corps et âme à la musique dans le sillage de l’enseignement exigeant de Schönberg. Pourtant, quand on regarde son parcours, on peut voir qu’il n’a jamais tout à fait renoncé à aucune de ses premières vocations : on sait qu’il était bouddhiste, grand adepte du zen, que la structure était centrale dans ses compositions, que ses partitions étaient comme des œuvres graphiques et que toute sa vie, il a écrit…
John Cage est célèbre pour son morceau 4’33 » qui faisait écouter le son du silence à un public faisant face à un pianiste immobile. Célèbre aussi pour sa participation au « premier » happening Untitled Piece au Black Mountain college en 1952, avec son compagnon de toute une vie Merce Cunningham, mais aussi avec Robert Rauschenberg, David Tudor et d’autres camarades de jeu… Il est célèbre pour le rôle du hasard et de l’indétermination dans ses compositions, pour son attention aux bruits et aux sons de la nature et du quotidien, célèbre aussi pour sa connaissance des champignons et sa pratique de la macrobiotique.
Plein d’humour, il est souvent pris à tort pour un provocateur, voire pour une sorte de clown, quand il était un travailleur acharné, qui a toujours eu la délicatesse de ne pas se prendre au sérieux.
Ce que l’on sait peut-être moins, c’est que John Cage s’est nourri au départ essentiellement de la culture européenne et allemande arrivée aux Etats-Unis par le biais de la seconde guerre mondiale, à travers les artistes qui ont fui le nazisme…Cage est aussi un artiste que l’on peut qualifier d’après-guerre dans la mesure où toutes ses œuvres plaident pour le libre choix, l’anarchie et le refus du totalitarisme et de toute forme d’autorité, allant jusqu’à effacer toute traces de l’auteur, de l’œuvre et du chef d’orchestre…
Imprégné de dada, du Bauhaus, de Schönberg, de Satie et du futurisme, Cage est aussi devenu un formidable expérimentateur, qui toute sa vie s’est saisi des nouvelles technologies quelles qu’elles soient pour inventer des sons et une musique inédits et détachés de toute tradition…Il a été précurseur dans l’utilisation et le détournement de l’électrophone, du magnétophone, de la radio, de la vidéo, et même de l’électroménager…Ses expérimentations sont parmi les sources essentielles de ce que l’on appelle aujourd’hui banalement la culture numérique et le multimédia…
John Cage sur le site de l’Ircam
Intervenants :
- Ariel Kyrou : spécialiste des cultures numériques
- Joëlle Léandre : contrebassiste, élève et amie de John Cage
- Jean-Yves Bosseur : compositeur et musicologue, directeur de recherches au CNRS
- Judith Delfiner : historienne d’art
- Ulrike Kasper : historienne d’art
- Christophe Leclercq : historien d’art